Je ne pense pas vous l’avoir déjà dit mais mes 5 enfants sont tous nés par césarienne.
Je vous entend d’ici dire « je croyais qu’on ne pouvait pas avoir plus de 3 césariennes ».
En effet, les gynécologues déconseillent vivement d’avoir plus de 3 césariennes, mais je dois vous avouer que je n’ai pas demandé l’autorisation lors de ma 4ème grossesse.
Pour ma toute première, en 1998, le travail a commencé normalement, après que la poche des eaux se soit fissurée. J’ai donc ressenti les contractions, très bien ressenti même puisque la péridurale n’a fait qu’un peu effet sur la moitié de mon corps.
N’en déplaisent donc à certaines mauvaises langues qui m’ont déjà dit que je ne savais pas ce que c’était que les douleurs d’un accouchement puisque je n’avais eu que des césariennes! J’ai donc ressenti ces contractions pendant 9 heures… Oui quand même…
Parceque c’est vrai que n’ayant pas accouché par voie basse on peut dire que la césarienne est en comparaison une partie de plaisir. Oui oui j’ai aussi entendu ça!
Bref, j’ai donc eu une césarienne en urgence au bout de 9 heures de travail car le bébé ne passait pas. Nounou est née à 17h30. Ma puce faisait quand même 4,110 kgs avec 2 semaines d’avance, une belle paupiette!
Les suites ont été très compliquées, j’ai fait une scepticemie mais ce n’est pas le sujet ici.
Sinon, j’ai marché, penchée en avant comme une petite vieille durant quelques temps mais gardant espoir que pour le prochain bébé ce serait différent.
J’étais tellement frustrée de cette issue, comme si ma grossesse ne s’était pas achevée comme elle aurait dû, il manquait quelque chose.
2001 je vais accoucher de mon premier petit mec, étant donné que j’ai déjà eu une césarienne le gynéco me donne le choix: on tente une naissance par voie basse ou on programme une césa.
Etant bien frustrée de ne pas avoir accouché « normalement » la première fois, je décide donc de tenter la voie basse.
Déclenchement 3 jours après la date du terme.
De nouveau un travail douloureux rythmé par les contractions et cette fois le col ne s’ouvre pas suffisamment, la décision est donc prise d’aller au bloc opératoire pour une seconde césarienne.
Je pars donc sur le brancard en pleurant car une fois encore je vais vivre cette naissance SEULE, car on a tendance à oublier que les mamans qui accouchent par césarienne se retrouvent seules au bloc, sans le papa à leurs côtés et c’est extrèmement difficile.
Titi est né et après un rapide bisou il part…
Comme pour la première fois les soins sont longs, il faut recoudre puis salle de réveil en attendant que les effets de la péridurale se dissipent. Je remonte en chambre tard, sans mon bébé car il est né à 19h50 et que maintenant c’est la nuit!
On ne me l’apportera que le lendemain vers 14h… L’attente a été tout simplement horrible, pas de peau à peau pour nous, il est sorti de moi et il est allé directement en couveuse sans contact avec sa maman.
J’ai rattrapé par la suite avec des câlins mais on m’a volé ces premiers instants si magiques.
Et toujours cette frustration!
2005 je vais avoir ma Pepette et cette fois ci la césarienne est programmée car plus le choix, ce sera ainsi. Je rentre donc à la clinique une semaine avant le terme.
Cette fois l’opération se pratique sous rachi anesthésie, tout est sous contrôle et il est vrai que c’est plus confortable qu’une césarienne décidée en dernière minute. Cependant je suis toujours aussi seule, le papa n’est pas autorisé à être présent…
Ayant accouché à 10h42 je profite de ma fille dès l’aprés-midi et c’est génial!
Le gynécologue m’a proposé une ligature des trompes qu’il pouvait pratiquer avant de refermer.
J’ai refusé.
Je n’avais que 28 ans et il me semblait impossible de devenir stérile à cet âge. Je n’envisageais pas d’avoir d’autres enfants mais psychologiquement je n’étais pas prête à être dans l’incapacité de faire des enfants.
Et heureusement car ma deuxième vie a commencé quelques années plus tard.
Je me suis séparée du papa de mes 3 premiers et j’ai rencontré Chéri, qui lui n’avait pas d’enfant, qui a accepté mes enfants comme les siens et qui voulait aussi fonder une famille avec moi.
2012, je suis enceinte du petit quatrième, la césarienne est programmée pour janvier 2013.
Mais cette fois ci gros changement: le papa est autorisé à venir au bloc avec moi!
Et croyez moi ça change totalement la donne. Il est là près de moi, terriblement beau dans sa blouse verte, il aurait dû faire médecine ça lui va si bien (hors sujet total).
Je ne regarde que lui, je ne vois plus cet univers froid et stérile qui nous entoure, il n’y a plus que lui et moi qui allons accueillir et découvrir ensemble notre petit garçon, son premier bébé.
Le gynéco nous le présente, aussitôt sorti de mon ventre, on peut l’embrasser.
Et papa part avec Doudou, il ne sera pas seul comme son frère et ses soeurs, il va rester avec son papa.
Du coup l’attente pour moi est moins longue, je sais qu’ils sont ensemble, que la sortie de mon corps sera moins brutale pour mon petit. Et je le retrouve très vite!
J’ai à nouveau refusé la ligature des trompes car nous avions le projet d’un cinquième enfant. Cette fois le gynécologue a donné son accord en précisant simplement qu’il fallait attendre un an pour recommencer une grossesse.
13 mois plus tard Bouillette s’est installé dans mon bidon et je sais encore une fois qu’il naîtra par césarienne mais que son papa sera là.
2014 naissance du petit cinquième et dernier enfant cette fois car j’ai accepté cette fameuse stérilisation.
Tout s’est bien passé mais cette ligature me pèse quand même, je sais que nous n’envisagions pas d’avoir un autre bébé mais c’est psychologique, c’est difficile pour moi de me dire que je ne suis plus en capacité de donner la vie, je suis « cassée ».
Si j’avais accouché par voie basse on ne m’aurait jamais proposé cet acte médical.
J’ai imposé finalement d’avoir mes 5 enfants, j’en subis les remarques, j’ai pris le risque finalement car « normalement c’est pas plus de 3… »
J’en ai entendu des remarques désagréables de personnes qui n’ont aucune idée de ce qu’est une césarienne. Entre les: « oh tu as de la chance tu ne sais pas ce que c’est une contraction » « tu n’as jamais été déchiré alors » « j’aurais préféré ça, c’est plus tranquille » « c’est moins fatigant une césarienne » « mais tu dois avoir une énorme cicatrice » « tu ne sauras jamais ce que c’est de sentir ton bébé venir au monde » … Et j’en passe!
C’est tellement cool d’avoir une sonde urinaire, de devoir attendre 24 heures avant de pouvoir poser un pied à terre, d’avoir le sentiment que ton bide va se déchirer à chaque fois que tu tousses, éternues ou que ton bébé tète car imaginez les tranchées avec en plus une cicatrice toute fraîche sur l’utérus…
Donc non ce n’est pas une partie de plaisir une césarienne, ce n’est pas mieux ou moins bien , plus facile ou plus difficile qu’une naissance par voie basse, c’est simplement différent. Mais surtout n’oublions pas que je n’ai pas eu le choix!!!
J’aurais préféré c’est certain pouvoir prendre mes bébés contre moi tout de suite, sentir leur odeur pendant de longues minutes, les rassurer et être présente dès leurs premières minutes de vie.
Mais je n’ai pas pu.
Heureusement que mes deux derniers accouchements m’ont réconcilié avec la césarienne sinon j’aurais eu le sentiment jusqu’à la fin de ma vie de n’avoir pas finalisé mes grossesses.
Et j’ai eu la chance pendant la naissance de Bouillette de croiser la route d’une chouette anesthésiste qui a pris ce joli cliché, souvenir de cette dernière naissance.
Je craignais la césarienne alors je ne vais pas te dire que c’est du pipi de chat. Les aprioris sont quand même vachement ancré. En tout cas, tu as une belle tribu de jolis petits.
C’est cool de partager tes expériences. 😘
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Merci beaucoup, je t’embrasse ❤️
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